Depuis sa création en 2001, l’association NégaWatt, qui regroupe 25 experts indépendants travaillant dans le domaine de l’énergie, promeut la réduction de nos consommations d’énergie pour atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050.
Partant du principe que l’énergie « la moins polluante » est encore « celle que l’on ne consomme/produit pas », le scénario négaWatt 2022, comme les précédents, repose sur une démarche consistant à mettre en œuvre les trois piliers suivants :
- La sobriété énergétique, qui vise à prioriser les besoins essentiels en modifiant nos choix, habitudes de consommation et modes de vie, individuels et collectifs. Sur le plan individuel, cela peut être déjà débrancher ses appareils en veille, mettre un pull plutôt qu'augmenter le thermostat, privilégier la réparation plutôt que le remplacement des équpements, etc. ; et sur le plan collectif, cela passe par l’aménagement des territoires, en limitant l’étalement urbain, en développant les modes de transports en commun, en favorisant la mutualisation des usages et la modualité des espaces, etc.
- L’efficacité énergétique, qui vise à réduire la consommation d’énergie nécessaire pour satisfaire un même besoin : par exemple, isoler les bâtiments, installer des systèmes de chauffage plus performants, etc.
- Privilégier les énergies renouvelables, pour leur faible impact environnemental et leur caractère inépuisable car issus de phénomènes naturels (liés au soleil, au vent, flux hydroliques, chaleur naturelle de la terre, etc.), pour abandonner progressivement les énergies classiques, fossiles (gisement limité, pollution, etc.) ou nucléaires (risques spécifiques sur le plan environnemental et sanitaire)
L’association a présenté le 26 octobre 2021 son scénario actualisé de transition énergétique, qui doit répondre à un double objectif : atteindre la neutralité carbone en France d’ici à 2050 et réduire de 55% les émissions de gaz à effet de serre au niveau européen d’ici à 2030. Elle met à disposition cette synthèse du scénario négaWatt 2022 qui présente les principes fondamentaux du scénario, les secteurs de consommation et de production d’énergie (mobilité, bâtiment, agriculture, énergie spécifique), ainsi que les principaux impacts attendus liés aux actions de sobriété, d’efficacité et de déploiement des énergies renouvelables.
Pour sa 5ème édition, le scénario négaWatt 2022 comporte, en plus d’un scénario de transition agricole, sylvicole et alimentaire, et d’usage des sols (Afterres 2050), deux grandes nouveautés :
- Les émissions « importées », liées à la fabrication des biens importés en France, sont désormais incluses ;
- Le caractère fini des ressources naturelles (matériaux notamment) est également pris en compte avec l’élaboration d’un scénario de réduction globale de matériaux primaires. Comme le scénario négaWatt (énergies), ce nouveau scénario négaMat (matériaux et matières premières) intègre les mêmes hypothèses de sobriété, d’efficacité et de substitution par leurs équivalents d’origine renouvelable, afin d’évaluer l’évolution possible des consommations et production de matériaux (bois, acier, béton, verre, plastique, cuivre, sable, etc.).
Le scénario négaWatt 2022 se présente enfin comme une feuille de route pour contribuer à l’ensemble des 17 objectifs de développement durable définis par l’ONU d’ici 2050, en visant également à maximiser les impacts environnementaux, sanitaires et sociétaux (amélioration de la qualité de l’air, réduction de la précarité et des inégalités, préservation des ressources, etc.).
Le scénario négaWatt 2022
La consommation d’énergie est fortement réduite et couverte à 96% par des énergies renouvelables. Dans le détail, la consommation d’énergie primaire est divisée par trois, alors que la production d’ENR est multipliée par 3. Aussi, le dernier réacteur nucléaire est fermé en 2045.
La neutralité carbone est atteinte en 2050, avec des émissions totales de CO2 divisées par près de 9. En particulier, les émissions de CO liées à l’énergie sont divisées par 28 ; et les émissions de méthane, surtout dans le secteur agricole, sont divisées par 3.
Avec des bénéfices multiples. En plus d’atteindre la neutralité carbone en 2050, le scénario négaWatt 2022 aurait de nombreux impacts positifs pour l’environnement et la société, assure l’association :
- Des matières premières préservées, grâce aux actions de sobriété et d’efficacité permettant une diminution globale de la consommation de matériaux. La substitution de matériaux non renouvelables par des matériaux biosourcés, avec l’augmentation des taux de recyclage, permet en outre de réduire plus fortement les quantités de matières premières extraites. L’enjeu est d’autant plus important que le secteur fait face à la raréfaction de ces ressources aux gisements limités, et que les conditions d’extraction de matières premières sont souvent « désastreuses » d’un point de vue environnemental et social.
- Des impacts positifs sur la santé : près de 50 000 décès prématurés évités par an avec une amélioration de la pollution de l’air, résultant de nombreuses actions : baisse du trafic routier, modernisation des équipements de chauffage, etc. En particulier, 10 000 décès évités entre 2035 et 2050 grâce à l’augmentation de l’activité physique liée au développement des modes de déplacements actifs (marche, vélo).
- Des impacts positifs sur l’économie et l’emploi : 250 000 emplois pourraient être créés dans le secteur de la rénovation dès 2030 (300 000 en 2040), et 90 000 dans les énergies renouvelables (135 000 en 2040). Pour les consommateurs, la transition énergétique permettrait de réduire leur facture énergétique mais aussi d’être plus résilients face aux évolutions du prix de l’énergie.
Le scénario pour le Bâtiment – « Faire de la rénovation énergétique performante une priorité »
Dans le secteur du bâtiment, l’association recommande de miser sur la réhabilitation du bâti existant plutôt que la construction neuve, de généraliser les systèmes de chauffage les plus performants (PAC, chauffage au bois, etc.), de privilégier la construction de petits collectifs plutôt que d’habitats individuels, etc.
Surtout, elle appelle à faire de la rénovation performante « un chantier prioritaire » afin que la France atteigne l’objectif inscrit dans la loi Climat et Résilience de rénover l’ensemble du parc à un niveau BBC d’ici 2050. Il faut rénover la « quasi-totalité » du parc, en donnant la priorité aux logements qualifiés de « passoires thermiques » (étiquette F et G), selon l’association.
Dans son scénario négaWatt 2022, elle préconise « quatre mesures prioritaires » pour massifier la rénovation énergétique à un niveau BBC d’ici 2050 :
- Réorienter les financements dédiés à la rénovation vers les Bâtiments basse consommation (BBC), en mettant en place des « dispositifs simplifiés » qui permettraient à chaque ménage de financer ses travaux, notamment à l’aide des économies d’énergies réalisées.
- Imposer progressivement, en présence d’une offre financière et technique adaptée, la rénovation des maisons individuelles lors des ravalements et changements de propriétaire ou de locataire.
- Faire évoluer le décret tertiaire pour favoriser les rénovations BBC.
- Renforcer la formation des acteurs du bâtiment à la rénovation complète et performante.
Pour en savoir plus : Consulter la Synthèse du scénario négaWatt 2022
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