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- DEMOCLES : les clés de la démolition durable
Étude réalisée pour l'ADEME en 2016 par Récylum, GTM Bâtiment, Nantet et Arès Associations. Alors que le contexte réglementaire vise un objectif de 70% de valorisation matière des déchets non dangereux du BTP d’ici 2020, les acteurs du bâtiment doivent faire face à des contraintes opérationnelles très fortes. Pour autant, les 10 millions de tonnes de déchets générés par an disposent, pour la majorité, de filières de valorisation.
Le projet DEMOCLES est une démarche collaborative et opérationnelle, intégrant l’ensemble de la chaîne des acteurs (de la maîtrise d’ouvrage jusqu’aux industriels utilisant la matière recyclée). A partir de chantiers test et de trois groupes de travail technique, le projet vise à :
- Identifier les difficultés opérationnelles et économiques liées à la dépose sélective ;
- Définir un cadre commun et fiable de dépose sélective pour une mise en filière adaptée ;
- Elaborer des recommandations concrètes et opérationnelles à l’usage de la maîtrise d’ouvrage et de la maîtrise d’œuvre ;
- Définir les besoins en compétences pour les acteurs concernés.
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La loi de transition énergétique de 2015 a confirmé que la France avait fait sien l’objectif européen de 70% de valorisation matière des déchets non dangereux du BTP à l’horizon 2020.
Si beaucoup d’acteurs se sont mobilisés autour de la problématique des déchets issus de la construction et de la démolition des bâtiments, de loin les plus visibles, peu ont travaillé sur celle des déchets de second œuvre (hors amiante et plomb).
Or dans un contexte où les acteurs de terrain doivent faire face à une pression technico-économique grandissante, une gestion responsable des déchets de second œuvre peut se développer dans une logique de création de valeur pour les entreprises du bâtiment sans surcoût pour la maîtrise d’ouvrage.
Les éléments de second œuvre, les oubliés du monde des déchets du bâtiment
La très grande majorité des déchets actuellement traités est constituée de déchets inertes tels que les bétons, terres cuites, enduits, etc.
Les déchets de second œuvre du bâtiment, autrement dit tous les éléments qui ne sont pas constitutifs de la structure d’un bâtiment (à l’exception du plomb et de l’amiante, qui dépendent d’une réglementation spécifique) sont, eux, peu valorisés. En effet, leur valorisation nécessite de prendre en compte une très grande diversité de matériaux et d’équipements, donc de problématiques.
Le Ministère de l’écologie a estimé la quantité des déchets de second œuvre à plus de 10 millions de tonnes par an (source : SOES), soit plus de 30% des déchets produits par les activités du bâtiment.
Des solutions de recyclage existent, mais des freins restent à lever pour faire progresser leur recyclage. Le projet DEMOCLES est une démarche collaborative originale intégrant l’ensemble de la chaîne des acteurs du bâtiment concernés par la gestion des déchets du second œuvre lors de chantiers de démolition ou réhabilitation, de la maîtrise d’ouvrage jusqu’aux filières de valorisation en aval. Ensemble, ces acteurs visent une prise en compte réelle et optimisée de la gestion de ces déchets.
À partir de 6 chantiers test menés en Ile de France et Rhône-Alpes, et de trois groupes de travail techniques, les acteurs de DEMOCLES ont :
Le projet, qui est coordonné par Récylum, a fait intervenir trois partenaires dans la réalisation des chantiers tests : ARES, GTM Bâtiment et Nantet.
Le projet est cofinancé par l’ADEME, ARES, GTM Bâtiment, Nantet et Récylum. L’implication de plus de 40 partenaires (organisations professionnelles, bureaux d’études, entreprises du bâtiment, gestionnaires de déchets, fabricants de matériaux et maîtres d’ouvrage privés ou publics) permet, non seulement de favoriser le dialogue en respectant les équilibres entre les acteurs, mais aussi de mettre en perspectives des axes d’amélioration opérationnels et fiables.
Une grande diversité de déchets et de situations, mais des solutions existent
« Savoir de quoi on parle » est la pierre angulaire des travaux du projet DEMOCLES. Les données des chantiers test, confirmées par des données bibliographiques, ont permis de mettre en exergue 3 catégories de chantiers de réhabilitation, illustrant ainsi les natures diverses et complexes des travaux dans le bâtiment :
L’analyse qualitative des déchets produits dans chacun des chantiers test a mis en exergue une diversité de situations qui limite à ce stade la capacité de projeter à l’échelle nationale les tonnages de matières secondaires (verre, plâtre, PVC …) qui pourraient potentiellement être extraites des déchets de second œuvre.
Les chantiers ont toutefois permis d’identifier 24 catégories différentes de déchets de second œuvre.
Quatorze d’entre elles peuvent bénéficier d’un recyclage ou d’une valorisation matière économiquement viable sous condition, pour 10 d’entre elles, d’avoir fait l’objet d’un conditionnement mono-flux en pied de chantier (Le conditionnement en mélange avec d’autres familles de déchets ne permet pas leur recyclage/valorisation ultérieure).
Recycler / valoriser les déchets de second œuvre ne coûte pas plus cher
Les données économiques recueillies sur les chantiers test ont mis en exergue que les pratiques actuelles sont génératrices de coûts cachés dont la disparition serait susceptible de compenser les surcoûts que pourraient générer certaines filières de valorisation actuellement plus chères que la mise en décharge.
Les déchets de second œuvre se déposent naturellement de façon sélective au cours des différentes phases de curage. La mise en mélange de ces déchets dans une benne en pied de chantier entraine souvent des coûts supplémentaires indirects de main d’œuvre pour l’entreprise de travaux, alors que l’utilisation de contenants dédiés de plus petite taille au plus près du lieu de dépose des matériaux et des équipements permet de limiter les manipulations.
Une dépose sélective et un conditionnement adapté des déchets permettant leur valorisation effective est possible à périmètre de coûts constant.
Un besoin de transparence dans le devenir des déchets
La notion de taux de valorisation effective des déchets semble confuse pour beaucoup de maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre qui considèrent à tort le taux de valorisation communiqué par le gestionnaire des déchets comme étant celui de leur chantier, alors que ce dernier n’est autre que le taux moyen du centre de regroupement et/ou tri dans lesquels ont été envoyés les déchets.
Cette confusion donne à tort l’impression que des déchets de second œuvre évacués en mélange dans des bennes ont fait l’objet d’une valorisation alors qu’ils ont souvent finis, au moins pour partie, en enfouissement du fait de l’incapacité technique de les trier dans des conditions permettant leur valorisation ultérieure.
Par ailleurs, l’absence d’information facilement accessible à tous les intervenants sur les conditions technicoéconomiques de reprise des différentes familles de déchets réellement valorisables par territoire ne fait qu’ajouter à la confusion.
La transparence sur le devenir des déchets est une première condition indispensable à l’amélioration de leur gestion. Cependant, l’évolution des pratiques ne pourra se faire sans le concours de l’ensemble des intervenants, à commencer par la maîtrise d’ouvrage.
L’entreprise de curage trop souvent considérée comme seule responsable
Les travaux du projet DEMOCLES ont démontré que la notion de coresponsabilité juridique du devenir des déchets n’est souvent pas connue ou comprise par les donneurs d’ordres. En effet, les travaux ont démontré que dans les faits, cette responsabilité est portée uniquement par les entreprises de travaux, induisant ainsi une insécurité juridique pour l’ensemble de la chaîne des acteurs et des coûts de travaux parfois surestimés pour couvrir les mauvaises surprises.
La gestion des déchets, une responsabilité collégiale qui nécessite la coordination de tous les intervenants
La prise de conscience par la maîtrise d’ouvrage de ses responsabilités et la montée en compétences des différents intervenants doit s’accompagner d’outil(s) de pilotage de gestion des déchets du bâtiment.
La phase de curage préalable à une démolition ou réhabilitation / rénovation doit être préparée et planifiée, puis confiée à des entreprises disposant des compétences nécessaires pour la réaliser dans des conditions de respect de la sécurité des personnels et de l’environnement, conforment aux principes du développement durable que beaucoup revendiquent.
A ce titre, une des recommandations de DEMOCLES est d’isoler le curage pour les chantiers dont la taille le justifie, dans un lot dédié faisant l’objet d’une réception conditionnée à la fourniture des éléments de preuve du complet traitement des déchets générés et de la traçabilité associée.
Le SOGED (cf. http://optigede.ademe.fr/dechets-batiment-outils-maitres-oeuvre-entreprises) a été identifié comme un outil de pilotage pertinent. Pour autant, il devra évoluer si l’on veut en faire un véritable outil collaboratif permettant d’accompagner l’ensemble des acteurs du chantier dans la conduite du changement des pratiques.
Il en est de même pour le diagnostic déchets qui semble être encore considéré comme une charge administrative supplémentaire, alors qu’il pourrait être un véritable outil de maîtrise des coûts et de sécurisation juridique à la condition d’être véritablement utilisé pour la consultation des entreprises et que les diagnostiqueurs soient impliqués dans le suivi du chantier qui réserve souvent des surprises tant au niveau des quantités que de la qualité des déchets générés.
En conclusions
De par sa démarche collaborative, DEMOCLES a contribué à élaborer un « langage commun » pour l’ensemble des intervenants et à mettre en perspectives plusieurs axes d’amélioration opérationnels, tout en mettant un terme à certaines idées reçues dans le respect des équilibres entre acteurs.
Les enseignements et recommandations permettront la mise à jour de plusieurs outils d’aide aux acteurs (optigede.ademe.fr, www.dechets-chantier.ffbatiment.fr, etc.).
Une suite de DEMOCLES pourrait être d’engager un travail d’intégration de la gestion documentaire puis de test sur chantiers afin d’en vérifier la pertinence avant une diffusion plus large de ses enseignements.
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