Thierry Llansades / CC BY-NC-ND 2.0)
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Le recul du trait de côte affecte 20% du littoral français et près de 450 000 logements seront concernés d'ici à 2100, selon une étude récente du Cerema. Le défi est majeur. Les architectes peuvent apporter des solutions aux territoires qui sont affectés différemment selon leurs spécificités.
Le recul du trait de côte affecte 20% du littoral français. Les architectes peuvent accompagner les territoires pour redessiner la bande côtière et s’adapter. C’est un travail de dentelle que présentait Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, le 4 avril dernier.
Les impacts de la hausse du niveau de la mer viennent d’être évalués par le Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement). Il estime les dégâts associés en 2050 à 5 200 logements et 1 400 bâtiments tertiaires atteints, soit une valeur estimée à 1,2 milliard d’euros. En 2100, près de 450 000 logements sont concernés. On approche des 100 milliards d’euros de valeur estimée. Les architectes se mobilisent pour répondre à ces enjeux.
Au-delà des estimations, qu’elles soient en nombre de logements ou en euros, ce sont des habitants qui subissent ces impacts, à travers des maisons ou des appartements de plus en plus souvent submergés, dégradés, rendus progressivement inhabitables ; à travers des lieux de vie auxquels ils sont attachés qui disparaissent sous les flots.
Le changement climatique est associé à des impacts multiples, dont des événements climatiques extrêmes (inondations, tempêtes, sécheresses, canicules) mais aussi des effets plus lisses et lents comme la hausse des températures moyennes ou celle du niveau de la mer. Cette progression va en s’accélérant. Ainsi, la carte du pays va évoluer dans les prochaines décennies, certaines des zones les plus basses étant progressivement englouties.
Si l’on ne fait rien, les dégâts s’annoncent majeurs, d’un point de vue social comme matériel. L’adaptation du littoral est un chantier dont doivent s’emparer les pouvoirs publics et les collectivités concernées. Les architectes sont les partenaires naturels pour ces projets.
(Carte des logements affectés par le recul du trait de côte, par départements, en 2100. Source : Cerema)
Chaque territoire est affecté de façon différente. À 100m d’un port, le long de la côte, il peut y avoir un parc. De l’autre côté, un parking, ou une digue protégeant le centre-ville. Une analyse de terrain, hyper locale, s’impose donc pour évaluer les stratégies à mettre en œuvre pour s’adapter. Pour complexifier les choses, la mer elle aussi peut fortement varier d’un point à l’autre, selon les courants, les marées et la topographie.
Il n’y a donc pas de solution reproductible partout. La digue d’une collectivité est parfois synonyme d’inondation chez sa voisine.
Plutôt que de subir le recul du trait de côte, des collectivités territoriales ont déjà développé des politiques ambitieuses de recomposition spatiale, en investissant l’arrière-pays (ou « bande côtière »).
De nombreuses solutions sont disponibles, qu’il s’agisse de solutions fondées sur la nature comme la restauration et la végétalisation de la dune aux vieux salins d’Hyères ou la dépoldérisation de Mortagne-sur-Gironde. Là, des terres artificiellement gagnées sur la mer ont été rendues et renaturées, les transformant en tampon contre les marées et tempêtes.
Les politiques d’adaptation ont d’ailleurs souvent des co-bénéfices notables, comme les loisirs (la dune des vieux salins accueille du public), la protection de la biodiversité (la dépoldérisation rend un espace aux écosystèmes côtiers) ou même l’économie. C’est par exemple le cas du projet Living Breakwaters de l’agence d’architecture Scape Studio à New York. La ville a installé des brise-lames sous-marins peuplés d’huitres qui épongent l’énergie des vagues, purifient l’eau, préviennent l’érosion du littoral, favorisent le retour d’autres espèces marines et facilitent la pêche.
En France, un décret liste les communes qui doivent mettre en œuvre des politiques d’urbanisme adaptées à l’évolution du trait de côte. Elles sont 242 en 2023 et devraient passer à 316 cet été. La mission de conseil de l’architecte lui permet d’investir ces territoires et d’accompagner les collectivités dans l’élaboration de politiques adaptées, coconstruites et sur mesure.
Face aux impacts du changement climatique, il s’agit désormais de redessiner les territoires. Aux architectes de prendre leurs crayons !
ARCHITECTE ou société d’architecture
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