L'ensa•m et l'Ordre main dans la main

Parmi ces chantiers, on peut citer en particulier la formation ouvrant à l’habilitation à l’exercice de la maîtrise d’œuvre en son nom propre (HMONP), mais aussi le sujet de l’accessibilité des chantiers aux étudiantes et étudiants futurs architectes, lors de leurs stages ou mises en situations professionnelles, ou encore le projet d’ouvrir dès la rentrée 2024 une formation en alternance en cycle master (à partir de la quatrième année) conduisant au diplôme en architecture. La diversité des pratiques parmi les architectes est également un sujet commun qui mérite d’être regardé de près, comme une richesse et un levier pour porter plus haut la valeur culturelle et sociale de l’architecture.

Concernant la formation HMONP, la volonté de l’ensa•m, en lien avec l’Ordre, est bien de réaffirmer l’importance accordée à ce cursus coconstruit avec les professionnels et de lui accorder toute la place et le suivi qu’elle mérite. La formation HMONP est très sollicitée à l’ensa•m, par les diplômés provenant de notre école mais aussi par de très nombreuses candidatures extérieures issues de tout le territoire national. Le travail mené en 2023 en vue de la nouvelle habilitation de l’école à dispenser cette formation, a donné lieu à des échanges fructueux avec les conseillers ordinaux, visant notamment à renforcer concrètement les échanges entre les structures accueillant les étudiants, l’école et le l’Ordre, ou encore à introduire plus explicitement la place du chantier et de de la maîtrise d’œuvre parmi les sujets à aborder par les postulants à la HMONP.

Pour renforcer ce lien avec la réalité du chantier, l’Ordre des Architectes PACA a par ailleurs sollicité toutes les agences de la région pour organiser les visites de chantier ouvertes à la communauté étudiante de l’ensa•m : j’espère que les agences répondront favorablement à cet appel !

Si la formation HMONP a été mise en place pour favoriser ce lien entre l’enseignement et le monde professionnel, pour préparer mieux les futurs architectes à leur activité à venir, la prochaine ouverture d’une formation en alternance dès la rentrée 2024, articulant plus étroitement formation à l’école et apprentissage dans des structures, devrait aussi contribuer à un accompagnement plus actif à l’insertion professionnelle. Là aussi nous comptons sur l’engagement des agences d’architecture, mais aussi des structures qui œuvrent dans le champ de l’architecture et de la ville (établissements publics d’aménagement, agences d’urbanisme, maîtrises d’ouvrage publiques, …) pour permettre l’accueil des alternants ! L’Ordre des Architectes PACA a relayé activement cet appel [MOU1] et j’en remercie encore chaleureusement sa présidente et son équipe.

Je voudrais redire un mot au sujet de l’Institut Méditerranéen de la Ville et des Territoires qui a ouvert ses portes en septembre 2023, en plein centre-ville de Marseille, Porte d’Aix et regroupe désormais très concrètement trois établissements d’enseignement supérieur et de recherche en charge de l’architecture, du paysage et de l’urbanisme. Aix-Marseille Université au travers de l’Institut d’Urbanisme et d’Aménagement Régional (IUAR-faculté de droit et de science politique), l’Ecole Nationale Supérieure de Paysage de Versailles-Marseille et l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Marseille, allient leurs compétences et forment ensemble un institut unique en France.

L’IMVT se caractérise par un ancrage méditerranéen affirmé et la volonté de développer une transdisciplinarité accrue face à la complexité des enjeux contemporains qui convoquent nos disciplines respectives. L’IMVT a vocation à rayonner sur le territoire au travers de l’enseignement supérieur et de la recherche, mais aussi en contribuant à la diffusion des savoirs produits et au partage des expérimentations menées au sein des établissements de l’IMVT.

Les nombreux partenariats professionnels et institutionnels y contribuent avec une double ambition de proposer des mises en situation très concrètes à nos étudiantes et étudiants, mais aussi de démontrer qu’à travers le diagnostic, l’expérimentation, le projet, l’IMVT peut contribuer à la réflexion collective qui nourrit l’action publique et privée…

Dans ce contexte et face à la rupture écologique, notons que l’existant devient pleinement la « matière à projets », aujourd’hui et pour les décennies à venir. Intervenir sur l’existant pour contribuer à l’économie des ressources, est un sujet complexe et qui interroge les différentes échelles, du bâti au territoire. Nous devons collectivement nous atteler à cela. C’est aussi l’une des vocations de l’IMVT. Il n’existe pas de réponse toute faite, ni de solution applicable indistinctement sur les territoires urbanisés pour répondre aux injonctions parfois contradictoires de densification, mais aussi de qualité de vie, d’aménité des espaces, de végétalisation, d’amélioration des performances énergétiques du bâti, de confort face au réchauffement climatique. Agir sur la performance énergétique par exemple, ne peut être découplé d’un regard attentif sur les techniques constructives, la matérialité, les usages, les typologies de l’habitat… L’intensification ne peut être envisagée sans interroger les usages, les services, les mobilités proposées.

Face à la complexité, seul le diagnostic et l’observation attentive du « déjà-là » peuvent ouvrir la voie à des interventions pertinentes et durables tant à l’échelle du bâtiment qu’à celle de la ville et du territoire.

Les architectes, mais aussi les urbanistes et les paysagistes sont convoqués sur ces sujets ; les architectes et l’Ordre lui-même suscitent le débat sur la place de l’architecture dans cet exercice difficile de la transition écologique à opérer. Si les missions premières de l’Ordre sont avant tout régaliennes, force est de constater que le Conseil national, mais également la Conseil régional PACA en particulier, sont actifs pour contribuer aux divers débats qui animent les professionnels, sur la fabrique de la ville, l’architecture, les défis environnementaux et sociétaux qui convoquent la discipline architecturale, mais aussi la diversité des pratiques professionnelles des architectes. Nous avons à poursuivre ensemble ces réflexions…

Hélène Corset Maillard

Directrice de l’ensa•m