Les 7 et 8 mars s'est tenu à Paris le Forum mondial sur les bâtiments et le climat, co-organisé par la France et le Programme des Nations unies pour l'environnement. Lors de cet événement mondial, les ministres de l'écologies et les représentants de plus de 70 pays ont signé la "déclaration de Chaillot" qui vise à une transition rapide du secteur du bâtiment pour lui permettre de contribuer aux objectifs de l’Accord de Paris.
L’Ordre des architectes, le Conseil des architectes d'Europe et l'Union internationale des architectes ont pris, à l'occasion de ce forum, l'initiative d'une déclaration commune afin d'insister sur l'importance d'utiliser l'architecture comme levier pour améliorer la qualité des cadres de vie.
« Redonnons sa place à l’architecture en tant que solution face aux crises actuelles, partout dans le monde : celles de la préservation des ressources planétaires, de la protection de la biodiversité et de l’adaptation aux changements climatiques. Privilégions la réparation de l’existant et concevons des bâtiments au service des habitants et l’environnement. En tant que concepteurs du cadre de vie, les architectes ont une forte responsabilité dans la transition écologique et sociétale. Changeons nos pratiques, renforçons nos liens avec tous les acteurs de la chaine de valeur de la construction pour être à la hauteur des enjeux ! » (Christine Leconte, Présidente du Conseil national de l’Ordre des architectes).
Déclaration conjointe UIA-CAE-Ordre des architectes :
Pour une architecture durable : transformer nos pratiques aujourd’hui pour construire le monde de demain
Nous, architectes et représentants de la profession architecturale,
Rappelant nos multiples engagements pris en faveur :
- du développement durable, de l’efficacité énergétique et de la neutralité carbone de notre environnement bâti ;
- d’une pratique de notre profession fondée sur notre conscience environnementale, nos savoirs et compétences ainsi que sur notre conception interdisciplinaire et durable.
Reconnaissant que réduire les émissions de gaz à effet de serre à un niveau proche de zéro d'ici 2030 et de zéro émission nette d'ici 2050 sont des objectifs ambitieux mais réalisables.
Conscients de l’importance que l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur du secteur de la construction œuvrent ensemble pour influencer un développement éthique, socialement responsable et durable à travers le monde.
Nous nous engageons à faire de l'architecture un levier économique au service des habitants et de la planète en respectant les lignes directrices suivantes :
- Prioriser la réhabilitation du bâti existant de manière vertueuse plutôt que de construire des bâtiments neufs : transformer l'usage des bâtiments, mobiliser les bureaux vides et réaliser des études de ressources pour tous les projets en vue de réutiliser les matériaux avant tout travail de réhabilitation. Réhabiliter les bâtiments, c’est réduire la production de déchets.
- Décarboner la construction en développant de nouvelles filières de matériaux. Passer de matériaux intensifs en carbone et en énergie à des matériaux neutres en carbone et renouvelables. Développer les écomatériaux. Mettre en place une architecture en circuits courts en développant localement les filières de productions de matériaux de construction s’appuyant sur les ressources des territoires.
- Prioriser une utilisation responsable du foncier et prévenir l'étalement urbain. Favoriser un développement territorial plus équilibré. Limiter les conditions d’ouverture à l’urbanisation des terres non bâties dans les documents d’urbanisme, en incitant les villes à n’ouvrir aucune nouvelle zone sans avoir démontré l’impossibilité de rénover/densifier l’existant. Solliciter une expertise pluridisciplinaire impliquant des concepteurs (architectes, paysagistes) lors de l'élaboration et de la révision des documents d'urbanisme pour s'assurer qu'ils sont adaptés aux meilleures pratiques de gestion foncière et pour garantir la qualité architecturale, urbaine et environnementale des projets.
- Renforcer la résilience et adapter nos villes et territoires aux phénomènes extrêmes qui deviennent la nouvelle normalité. Concevoir des bâtiments qui répondent aux nouvelles contraintes climatiques et prendre en compte la question du risque pour proposer des solutions d'adaptation. Arrêter l'urbanisation dans les zones soumises à des risques majeurs (érosions côtières, inondations, glissements de terrain, incendies, etc.).
- Protéger et promouvoir la biodiversité. Sanctuariser les terres agricoles et les espaces naturels. Préserver les forêts existantes et replanter massivement des espèces adaptées, sources de biodiversité.
- Souligner le besoin urgent d'une culture du bâti (Baukultur) de haute qualité, qui place la culture au centre afin de créer des espaces durables et vibrants offrant une meilleure qualité de vie et de bien-être pour tous.
- Financer en conséquence. Accorder des aides publiques pour prendre en charge les éventuels surcoûts liés aux nouvelles techniques de construction d'architecture durable pendant leur période de « démarrage ». Veiller à ce que toutes les mesures fiscales et d'aide publique soient conditionnées au respect de normes de qualité et écologiques, étayées par des études de conception approfondies. Moduler le taux de TVA des matériaux en fonction de leur indice carbone. Soutenir la recherche académique en éco-conception et en solutions durables innovantes.
Ceci forme notre engagement renouvelé pour une architecture plus durable afin de transformer nos pratiques aujourd’hui et construire le monde de demain.
>> Télécharger la version complète de la déclaration en français et en anglais ci-contre.
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