L'après-Chido : Quels diagnostics et perspectives pour les Mahorais ?

Sous la coordination de la FAU (Fédération des Architectes de l'Urgence), des mairies et la DEALM (Direction de l’Environnement, de l’Aménagement, du Logement et de la Mer de Mayotte), un découpage géographique du nord de l'île s'est mis en place dès la fin décembre afin de lister les bâtiments à diagnostiquer. 
Par équipes de 2, les architectes ont balisé les établissements scolaires pour garantir leur mise en sécurité et identifier les locaux susceptibles d'être réquisitionnés pour de l'hébergement d'urgence ou réutilisés à la rentrée. 

À l'instar des écoles, quelques bâtiments de soins et de services administratifs du CHM (Centre Hospitalier de Mayotte) ont été diagnostiqués, une mosquée, une MJC et plusieurs stades ont été repérés pour servir de points de ravitaillement. 

Transports, VRD, bâtiments, espaces naturels, agriculture …, les dégâts devront être évalués avant fin janvier.
Moins d'un mois après le passage de Chido, "l'heure est à l'évaluation de la demande de financement auprès du fonds européen" relayent les Architectes de l'Urgence, qui ont été sollicités par la DEALM pour évaluer le parc de logement privé. 
Du travail de relevé sur photos aériennes pour évaluer la situation des bâtiments publics et d'un ajustement en fonction de l'évolution du marché des risques, dépendront ainsi des scénarios de reconstruction allant du relèvement dans un état pré-Chido à des solutions capables de résister aux catastrophes climatiques.

Alors que la première phase de la mission s'achève, c'est désormais une seconde phase, base de départ pour entreprendre la transformation des conditions de vie et du logement sur l'île, qui s'ouvre.

Le Conseil national de l'Ordre des architectes riche de son réseau local souhaite s'inscrire dans la démarche interministérielle initiée sous l’autorité du Premier ministre. Le CNOA et les COARM veulent apporter des solutions pragmatiques sur le devenir de l’habitat mahorais. L'une des propositions présentées auprès du ministère du logement le 9 janvier dernier serait de créer le statut d’architecte commis d’office. Cet architecte viendrait ainsi en soutien aux acteurs déconcentrés de l’État, afin de réaliser dans un premier temps un diagnostic bâtimentaire efficace, et d’imaginer ensuite les solutions pérennes. L’aménagement territoire devra ainsi s’inscrire davantage dans une approche plus prospective, qui conjuguera les réalités de terrain, et une approche plus concertée entre les habitants et les experts de l’usage. La question du coût des matériaux est aussi un enjeu central. Il faut soutenir le tissu économique des TPE et des PME à Mayotte en lançant des réflexions sur la structuration des filières courtes de matériaux, et ainsi produire localement l’habitat de demain.  

Le CNOA participera mercredi 15 janvier à une audition auprès de l'Inspection Générale de l’Environnement et du Développement Durable (IGEDD) pour faire consolider ces propositions auprès des services du Premier ministre.

Enfin, Christophe Millet se réjouit de faire partie du travail gouvernemental « reconstruisons Mayotte », aux côtés notamment de l’ANRU, de l’ANAH, du Cerema, d’Action logement, de la FFB, de la Capeb, de la Banque des Territoires… »