Fil d'Ariane
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Un urbanisme pour la santé, c'est un urbanisme pour les habitants. La ville est autre chose que des constructions, des rues et des espaces publics. C'est un organisme qui vit, qui respire. Son état de santé est étroitement lié à celui des habitants1. Alors qu'il est reconnu que l'état actuel des villes est trop souvent nuisible à la santé, les effets de l'urbanisme peuvent être positifs pour la santé, le bien-être et la qualité de vie qui doivent devenir des priorités dans une approche compatible avec une croissance économique durable. Les urbanistes jouent ainsi un rôle majeur sur les environnements physiques, sociaux et économiques des habitants des villes.
En 1946, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) donne une définition holistique de la santé. Elle ne consiste pas seulement en l’absence de maladie ou d’infirmité, mais elle est un état de complet bien-être physique, mental et social. Être bien est la traduction positive de la santé.
Cette conception globale de la santé est structurée, en 1974, dans le rapport Lalonde de Santé Canada comme la résultante dynamique des constantes interactions de quatre grandes catégories de facteurs : la biologie humaine, l’environnement, les habitudes de vie et l’organisation des soins de santé.
Quarante ans plus tard, en 1986, dans la Charte d’Ottawa pour la promotion de la santé, l’OMS ne considère plus la santé comme un état, mais comme une ressource majeure pour le développement social, économique et individuel et une importante dimension de la qualité de vie. Divers facteurs — politiques, économiques, sociaux, culturels, environnementaux, comportementaux et biologiques — peuvent tous la favoriser ou, au contraire, lui porter atteinte .
La santé est bien une ressource de la vie quotidienne qui permet aux personnes de poursuivre des objectifs de vie et de jouer leur rôle dans la société.
Des liens historiques ont été tissés entre l'urbanisme et la médecine. En effet, dès le IVe siècle av J.C, Hippocrate, père de la médecine, a insisté sur l'importance de l'environnement sur la santé. Son traité Des airs, des eaux et des lieux est considéré comme le premier traité d’écologie urbaine. Vitruve au Ier siècle av J.C, exigeait dans son traité De architectura, que l’architecte ait des notions d'anatomie et de médecine pour construire des lieux pour la vie de l’homme, connaître les proportions humaines, être attentif à l’éclairement, à l’aération et à la salubrité des villes et des édifices.
Ensuite la médecine a influencé l'histoire de l'urbanisme comme l'a si bien décrit Albert Lévy, architecte, urbaniste et chercheur au CNRS. La révolution pasteurienne avec la découverte des microbes se concrétise dans la réflexion urbaine. Au cours du XIXe siècle, les théories hygiénistes émergentes influencent le développement de l’urbanisme.
Pour les médecins et hygiénistes de l’époque, les odeurs pestilentielles dans l’air des villes étaient responsables de la propagation des épidémies. Il fallait intervenir sur le milieu urbain : aérer, ventiler, assainir, amener l’eau pure, évacuer les eaux usés, assécher le sol, étanchéifier les chaussées, favoriser les écoulements et flux, éviter la stagnation, séparer les éléments (air/eau/sol), éliminer les fortes densités et la promiscuité qui facilitent la contagion, déplacer les populations, planter arbres et végétaux, créer des jardins et des parcs pour purifier l’air, ouvrir et dégager les espaces par des percées et des places pour faire circuler l’air et apporter soleil et lumière, éloigner les activités polluantes, démolir les constructions insalubres…, toute une série d’actions hygiénistes qui donneront lieu à une diversité d’expériences et à la naissance de l’urbanisme.
Au nom de l'impératif sanitaire de la lutte contre la tuberculose, l'élément traditionnel de l'îlot urbain fermé et jugé insalubre, disparaît avec la Charte d'Athènes en 1933. La ville doit alors satisfaire à quatre fonctions : habiter, travailler, cultiver le corps et l'esprit, circuler. Cet urbanisme fonctionnaliste s'appuie sur le principe du zonage qui commande la stricte séparation de l'habitat et de l'activité. Il contribuera à la dépendance à l'automobile et aux effets néfastes des grands ensembles.
Vers la fin des années 1960, le lien est rompu entre urbanisme et médecine en raison de deux évolutions simultanées. L'urbanisme moderne est abandonné. Les orientations d'une médecine devenue technologique, orientée sur le tout curatif, délégitiment la mission sanitaire préventive de l'urbanisme. Parallèlement, se produit une "épidémie" de nombreuses maladies chroniques, dites de civilisation, souvent
d'origine environnementale. Pour autant, en 2020, la pandémie de COVID-19 rappelle le besoin toujours actuel de la maîtrise de la contagiosité de maladies infectieuses dans les espaces de vie. Les changements climatiques incitent également à une grande vigilance dans
la conception d'aménagements qui pourraient participer à l'augmentation des maladies vectorielles.
Au XXIe siècle, un changement de paradigme s’impose donc : une politique de prévention impliquant une nouvelle relation entre médecine environnementale (à venir) et urbanisme durable (à construire), dont les pratiques actuelles restent limitées, conclut Albert Lévy.
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