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Logement abordable & Densité urbaine : les habitants et les locataires en première ligne

Par la Confédération Nationale du Logement (CNL) - La pandémie de Covid-19, qui a vu les populations urbaines nettement plus touchées par le virus que les populations rurales, nous incite à relancer le débat sur la densité urbaine, avec son corollaire : l’équilibre territorial.
Mis à jour le
29 avril 2024
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 réhabilitation lourde d'une ferme en coeur de village. création de 10 logements sociaux collectifs

Parmi les enjeux principaux d’une répartition territoriale adéquate figurent le coût du logement, la qualité de vie, et, comme cette crise l’a révélé : la santé.

Transports bondés, logements exigus et surpeuplés ; tout a concouru à la propagation du virus dans les zones denses.

Certes, une manière de répartition territoriale existe déjà : aux zones urbaines, la pollution atmosphérique et l’inexorable pression immobilière ; aux zones rurales, les panneaux « À vendre » et les services de l’État lointains.

Pour autant, cette répartition ne fournit pas les conditions d’un logement adéquat et abordable pour tous.

La densité est directement corrélée à la cherté et la taille du logement : ce sont les centres-villes qui détiennent la palme du coût du logement, à l’achat comme à la location… et le pompon de l’exiguïté.

Plus que jamais, à une époque de métropolisation des territoires, qui consiste en une agglomération des petites et moyennes villes autour d’une grande ville et qui aboutit à une concentration de la population dans la grande ville de la métropole, des questions se posent : Quelle est la taille adéquate pour une ville ? Quelle dimension doit-elle avoir pour être autonome sans être tentaculaire ? Quelle doit être sa densité pour qu’il n’y ait pas de conflits d’espace ? Comment bien loger tout le monde ?

Un (contre ?) exemple de densité éloquent : si 30% des trajets dans Paris se faisaient en voiture, la capitale serait totalement saturée.

Quand le bout du bout pour le citadin en mal de verdure est la façade végétalisée. Quand les transports urbains mis bout à bout s’étendent sur des milliers de kilomètres. Quand les véhicules d’urgence n’avancent qu’à coups de sirène. Quand, chassés par les prix de l’immobilier, par la difficulté à se loger, à trouver une place en crèche, par la dégradation du cadre de vie, le bruit, la pollution, le stress de la vie citadine, les urbains qui le peuvent partent définitivement se mettre au vert. Quand certains territoires n’ont plus de services de proximité et que leur bassin d’emploi asséché conduit les habitants à l’exode. Il est alors temps de repenser la répartition territoriale.

De plus en plus, d’autres grandes villes que Paris s’acheminent elles aussi vers d’incessants et conflictuels arbitrages pour l’espace : mètres carrés de verdure ou de commerces ? Crèches ou bureaux ? Parkings ou logements ?

Depuis une génération, et surtout depuis la remontée de l’immobilier au début des années 2000, s’opère un mouvement de retour vers des villes moyennes, voire vers des villages, encouragé par le développement numérique qui permet de travailler à distance.

En outre, en ces temps de nécessité de distanciation sociale (partie pour durer…) et de diminution de la pollution liée aux transports, ajoutée à la cherté de l’immobilier professionnel, un nouveau mode de vie et en corollaire une nouvelle exigence apparaissent, pour s’installer durablement : le télétravail et l’espace domestique nécessaire au télétravail.

Cet état des lieux est connu de tous, et la place des associations de représentants des habitants et des locataires est centrale dans le débat qu’il est indispensable d’ouvrir. Une association de locataires comme la Confédération Nationale du Logement est en première ligne pour dresser ces constats, accompagner les habitants et les locataires, témoigner et sonner l’alarme sur les problèmes de logement :
 - Île de France : le logement y est en moyenne plus petit et plus coûteux que dans les autres régions de France
 - Paris : prix astronomiques, énormes difficultés à trouver un toit faute de logements en quantité suffisante, parc locatif privé très cher, 200.000 demandeurs de logement social inscrits… pour 10 ans en moyenne
 - Évreux : 20% de vacance dans les HLM, parc locatif privé peu ou prou au même niveau de loyer que le parc social car l’offre excède la demande
 - Montluçon, Limoges, fort taux de vacance HLM
 - Plus de 2 millions de logements vides sur le territoire français, la plupart à rénover en profondeur et situés là où l’emploi est rare
 - Pourtant, ailleurs en France, 40% des habitants disent manquer d’espace dans leur logement…

De ces constats se dégagent les maux et les remèdes.
Parce qu’elles sont en prise directe avec l’échelle locale et inscrites dans le maillage territorial, les associations d’habitants et de locataires ont une expertise technique et sont des forces de propositions politiques. C’est pourquoi elles doivent prendre toute leur part dans l’élaboration des Scot, des PLU, des plans de rénovation urbaine.

 Assurer un logement adéquat et abordable pour tous ne pourra se faire sans une réflexion sur l’égalité territoriale, avec les habitants et leurs représentants.

 

Anne Lucet-Dallongeville — La Confédération Nationale du Logement



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