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En novembre 2019, le vice-président d’un grand éditeur de logiciel s'est exprimé dans la presse sur divers sujets tels que la maquette numérique, le rôle des architectes, l'intelligence artificielle ou encore la préfabrication. Ses propos, peu nuancés, ont appelé la réponse ci-dessous du Conseil national.
« Non, les architectes ne sont pas inquiets ! »
La maîtrise du BIM ne se limite pas en France à quelques majors du BTP. Cela d’ailleurs fort heureusement pour les éditeurs de logiciels…
En France, la filière a le souci de développer une pratique du BIM qui réponde aux spécificités de notre marché de la construction. Ce marché est caractérisé par une fragmentation des acteurs aussi bien au niveau de la maîtrise d’œuvre que des entreprises et des artisans du bâtiment. Les pays du Nord cités, où le marché de la construction est beaucoup plus intégré, n’ont pas cette contrainte.
Avec une stratégie axée sur le « BIM pour tous » nous avons fait le choix d’une montée en compétence collective autour du BIM. Cela pour éviter une rupture de chaîne entre les acteurs de la construction mais aussi que le BIM ne se traduise in fine par un marché très concentré où seules les entreprises les plus fortes seraient en capacité de maîtriser le processus. Dès lors, embarquer tout le monde est plus complexe car l’inertie plus forte. Malgré cela, la filière s’équipe et les projets conçus et réalisés en BIM sont de plus en plus nombreux, année après année.
Parmi les professionnels du bâtiment, les architectes sont les plus en avancés sur l’utilisation des outils numériques. Ils dessinent en numérique (et en 3D) depuis des décennies et leur intérêt pour le BIM est incontestable. Une récente étude montre d’ailleurs que les architectes représentent 25% des utilisateurs de la plateforme de travail collaboratif Kroqi actuellement développée par l’Etat.
« Si j'étais architecte aujourd'hui, je serais inquiet » assène le dirigeant de la société de logiciel présentant au passage la préfabrication comme la panacée pour gagner en productivité et éviter surcoûts, déchets et accidents du travail. En architecture, le retour sur investissement ne se mesure pas seulement dans l’immédiateté. Bien au contraire, la qualité d’un bâtiment se mesure dans la durée et dans sa capacité à répondre à des usages multiples et évolutifs. La préfabrication fait aussi peser un risque sur la standardisation des bâtiments avec tout l’impact que cela peut avoir sur le paysage de nos villes.
Plus largement, si l’intelligence artificielle offre des perspectives intéressantes pour optimiser certaines missions de l’architecte, peu importe la puissance du numérique, il est incontournable dans son rôle de médiateur des contraintes techniques, bien sûr, mais aussi économiques, sociales, environnementales. Au-delà de la technique et de la sensibilité, l’architecture, c’est aussi l’art de penser le vivre ensemble, un rôle que la machine n’est pas prête de maîtriser.
Roland Marques
Conseiller national
Référent du Groupe de travail « Transition numérique, BIM, plateformes internet, Intelligence artificielle » du Conseil national de l’Ordre des architectes
ARCHITECTE ou société d’architecture
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