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- Les logements en perte de qualité depuis vingt ans...
La qualité des logements neufs en Ile-de-France s’est dégradée au cours des vingt dernières années, révèle une étude de l’IDHEAL publiée le 27 août 2021. Les logements situés en dehors de Paris intra-muros ont « le plus perdu d’espace et de confort », précise sa déléguée générale, Catherine Sabbah, « avec une accélération de la dégradation de la qualité » depuis 2012. Au total, 1200 logements, livrés entre 2000 et 2020, ont été examinés à travers un référentiel de qualité inédit, intégrant plus de 200 critères, dont plusieurs portant sur « la qualité d’usage » du logement (surface d’usage, périmètre « meublable », etc.). L’étude formule en outre un ensemble de propositions réalistes, que soutient souvent le Conseil national, pour définir et améliorer la qualité du logement.
« Nous nous réjouissons de la sortie de cette étude qui évalue cette perte de qualité sur laquelle nous alertons depuis longtemps. Ce n’est pas une lubie d’architectes. Il faut que les pouvoirs publics, Etat ou législateur, tapent du poing sur la table et réagissent, par exemple en conditionnant les aides et en réglementant. », a réagi Christine Leconte, présidente du Conseil national de l’Ordre des Architectes." Le Monde, 27 août 2021.
L’étude "Nos logements, des lieux à ménager " publiée par l’Institut des Hautes Etudes pour l’Action dans le Logement (IDHEAL)[1] a pour objectif de définir la qualité des logements en Ile-de-France de manière objective et quantifiable.
L’enquête a porté sur 52 opérations récentes, des immeubles construits entre 2000 et 2020, dans 17 villes d’Ile-de-France. Cet échantillon a été retenu de manière à représenter des communes de tailles et de sociologies diverses, des constructions réalisées dans des conditions plus ou moins encadrées (secteur d’aménagement, secteur diffus, présence d’une charte promotion) et une conjoncture économique et réglementaire en pleine évolution (loi SRU, loi PMR, crise de 2008, Grenelle, etc.).
Au total, plus de 1200 plans de logements ont été analysés en fonction d’un référentiel de qualité inédit, conçu « pour tenir compte de critères généralement jugés secondaires » par les promoteurs, « car peu analysés, une fois le permis de construire obtenu », soulignent les auteurs. Au-delà du statut du logement (libre en accession pour y vivre ou investir, locatif intermédiaire, social) et de leur typologie (studio, deux pièces, etc.), l’étude s’appuie en effet sur de nouveaux indicateurs permettant de « réfléchir à la qualité d’usage des logements », explique Catherine Sabbah, comme : la « surface d’usage » des pièces, le « périmètre meublable » (nombre de m² de mur sans radiateur ou fenêtre), l’orientation de l’appartement, la taille des parties communes ou encore la possibilité de recloisonner certaines pièces, la cuisine notamment.
L’enquête a été menée entre janvier et juillet 2021 en collaboration avec des étudiants du Master 2 d’urbanisme de l’Université Paris-Nanterre. 45 architectes et 24 promoteurs ou bailleurs sociaux y ont participé en fournissant notamment leurs plans.
Si la « qualité technique » des logements (isolation thermique, acoustique) s’est améliorée, avec désormais un confort moderne (eau et électricité, salle de bain, etc.), le « confort d’habitat » s’est dégradé en vingt ans, en particulier depuis 2012:
Néanmoins, deux évolutions viennent éclairer ce constat :
Les chartes qualité des logements, imposées aux promoteurs par les aménageurs ou les collectivités, permettent aussi de nuancer le bilan. « Certaines parviennent à imposer des surfaces légèrement supérieures », bien que la qualité en termes de distribution ou d’orientation « reste plus mitigée », précise l’IDHEAL.
Outre le résultat de l’optimisation des surfaces construites, Catherine Sabbah explique que les immeubles se sont généralement épaissis (plus de 13 mètres de large), avec pour la plupart un couloir central desservant les appartements de part et d’autre. Cette morphologie, en favorisant des logements mono-orientés, ne s’avère pas non plus adaptée aux nouveaux enjeux climatiques, comme le confort d’été : dans ce cas, il n’y a qu’une « seule direction d’éclairement, et pas de ventilation naturelle » rappelle-t-elle.
L’étude montre que les logements ne sont pas adaptés aux colocations déjà imposées par la crise du logement, ni aux nouveaux usages liés à la crise du Covid19 (télétravail, etc). Par exemple, pour les colocations étudiantes, comme pour les familles qui s’agrandissent, seulement 18% des séjours peuvent être isolés facilement (sans bloquer l’accès à une porte) pour en faire un espace clos servant de chambre.
Pour évaluer également « la qualité de vie d’un immeuble », l’IDHEAL s’est intéressé aux parties communes, halls et accès à la rue. Là encore, la conception et la distribution des logements n’encourage pas les relations de bon voisinage ni l’investissement des parties communes, « avec une moyenne de 37 logements par cage d’escalier et 6 logements par palier ». La largeur des couloirs (1,3 mètre en moyenne), ne favorise pas non plus la convivialité.
A la lecture de cette étude, la baisse relative de la qualité des logements s’explique par trois facteurs majeurs : des prix du foncier trop importants, des logiques de rentabilité de la part des promoteurs et bailleurs, ainsi que des budgets des ménages très limités. En particulier, le coût du terrain pèse désormais « entre 20% et 50% du prix de vente des logements », entres autres critères financiers (augmentation du prix des matériaux, etc.) qui font « mécaniquement » augmenter le prix de vente, tout en diminuant « la taille ou la qualité de conception ». « La préférence des promoteurs et bailleurs pour des immeubles épais, dotés de nombreux logements par étage, desservis par peu de cages d’escaliers, explique cette dégradation », souligne l’IDHEAL.
L'Institut met également en cause les politiques publiques, notamment « les dispositifs fiscaux comme le Pinel qui encouragent la production de petits appartements locatifs standardisés (T1, T2). » Pour Catherine Sabah, ce dispositif, en autorisant à déduire des impôts 300 000€ de la valeur du bien, n’incite pas à acheter plus grand, et conduit à une surface moyenne contenue de 60m² en Ile-de-France.
Dès lors que certaines municipalités décident d’abaisser la hauteur de leurs immeubles, la viabilité de certains projets se retrouverait menacée. Cette tendance à la « dédensification » se fait généralement au détriment de la qualité, pointe en outre l’Idheal.
Face à ces constats, l’IDHEAL avance un ensemble de mesures concrètes et de propositions réalistes, issues pour la plupart d’exemples rencontrées sur le terrain, pour améliorer la qualité des logements :
Ces sept propositions permettraient « de généraliser les bonnes pratiques rencontrées dans les ZAC », tout en les dotant « d’un fondement juridique plus pérennes », revendique l’Idheal, alors que plusieurs rapports ont été commandés par le Ministère du Logement sur ce sujet.
[1] Etude réalisée par IDHEAL Recherche :
Direction et coordination de l’étude : Catherine Sabbah - Jean Vannière - Alexandre Neagu (Architecte)
Auteurs de l'étude : Pauline Dutheil, Samuel Rabaté
[2] Source : www.lemonde.fr/societe/article/2021/08/27/en-vingt-ans-les-appartements-neufs-franciliens-ont-perdu-jusqu-a-15-de-leur-surface_6092551_3224.html
ARCHITECTE ou société d’architecture
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Commentaires
Merci pour cet article. Je
Merci pour cet article. Je retiens donc que les différents dispositifs fiscaux sensés relancer la construction de logements ont une face sombre et je trouve cela bien dommage : la recherche de rentabilité face à la qualité des logements. Un point retiens particulierement mon attention, à savoir la surface reduite des logements dans une optique de maximisation des unités de logements. Bien qu'une petite surface peut avoir beaucoup de charme, et en temps que décorateur intérieur (site web) je pense connaitre le sujet, le soucis est vraiment pour les jeunes couples, pour lesquels il est souvent difficile de se projeter sur plusieurs années.